Parasitisme : risque de confusion retenu entre les magazines « Public » et « PoUblic »
En juillet 2019, la société de presse CMI Publishing(ci-après « CMI Publishing »)qui édite le magazine « Public » a constaté que la société de presse concurrente FT Magazine (ci-après « FT Magazine ») avait fait paraître un hebdomadaire dénommé « PoUblic ».
Estimant manifeste le risque de confusion entre les magazines « Public » et « PoUblic », auquel elle reproche de reprendre les caractéristiques essentielles, CMI Publishing assigne devant le juge des référés du tribunal de commerce de Paris FT magazine aux fins de voir cesser le trouble manifestement illicite que lui causent les agissements déloyaux et parasitaires commis à son encontre à raison de l’édition et de la commercialisation de « PoUblic ».
Le juge des référés fait droit à la demande de CMI Publishing et interdit à FT Magazine de distribuer, commercialiser et faire la promotion de « PoUblic ».
FT Magazine décide de faire appel de la décision.
La Cour d’appel de Paris constate d’abord que les sociétés parties au litige sont deux sociétés de presse spécialisées dans l’actualité people et s’inscrivent dans le même secteur concurrentiel.
S’agissant ensuite de l’appréciation du risque de confusion entre les deux magazines, elle estime qu’il ressort des éléments produits aux débats que le magazine « PoUblic » présente, en sa couverture, un ensemble de similitudes propres à générer un risque manifeste de confusion avec la publication « Public » (format identique, titre de même police de caractères, emplacement du titre de la revue dans un rectangle de couleur rose de même dimension situé en haut à gauche de la page de couverture …etc). Elle juge que la seule différence manifeste entre les deux revues tient à la présence d’un O en petit caractère dans le titre « PoUblic » dont la Cour estime qu’elle ne suffit pas à empêcher toute confusion.
S’agissant enfin de l’exception de parodie invoquée par FT Magazine, la Cour rappelle que l’interprétation jurisprudentielle de l’article L. 122-5, 4° du Code de la propriété intellectuelle implique que l’œuvre seconde revête un caractère humoristique et ne présente pas de risque de confusion avec l’œuvre parodiée. Or, en l’espèce, les unes de « PoUblic » ne révèlent pas de caractère humoristique évident, la Cour en déduit que l’exception de parodie ne peut être retenue.
En tout état de cause, la Cour d’appel juge que FT Magazine a bénéficié des investissements de CMI Publishing et a profité de sa notoriété sans justifier de ses propres investissements. Elle estime donc que ces éléments caractérisent des actes de concurrence déloyale constitutifs d’un trouble manifestement illicite.
Le Cabinet UGGC Avocats et son équipe spécialisée en droit commercial et en droit de la presse se tiennent à votre disposition pour toute question que vous pourriez avoir à ce sujet.
Par l’équipe IP/IT du Cabinet UGGC Avocats
Source : CA de Paris, Pôle 1, Chambre 3, 17 février 2021, N°RG : 19/16258